Le livre nous propose une étude de l'amitié en tant que communion spirituelle dans le Traité de l'amitié de Mme de Lambert et La Nouvelle Héloïse de Rousseau. L'auteur du livre, Svein-Erik Fauskevag, est professeur de littérature française et a publié Sade dans le surréalisme (1982), Allégorie et tradition, Études sur la technique allégorique et la structure mythique dans « Le Roi des Aulnes » de Michel Tournier (1993) et Sade ou la tentation totalitaire. Études sur l'anthropologie littéraire dans « La Nouvelle Justine » et l'« Histoire de Juliette » (2001). Son dernier livre, Philosophie de l'amitié (2008) vise le concept d'amitié sur une base dialogique qui unit un je et un tu à partir d'un principe de solidarité affective et éthique.
L'essai de Fauskevag s'engage à explorer la philosophie d'un concept ancien en s'appuyant sur deux ÷uvres de la littérature française: d'un côté, plusieurs ouvrages moraux rédigés par Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles, marquise de Lambert, femme de lettres et salonnière française; et, de l'autre côté, le célèbre roman épistolier La Nouvelle Héloïse (1761), écrit par le philosophe et écrivain représentant les Lumières par excellence, Jean-Jacques Rousseau. Le corpus choisi, incluant le Traité de l'amitié (1732) accompagné de l'Avis d'une mère à son fils, l' Avis d'une mère à sa fille et le Traité de la vieillesse, ainsi que le roman rousseauiste, décrivent les deux une « anthropologie axée sur la valeur existentielle qui découle du commerce intersubjectif sous sa forme dialogique » (18). L'auteur se concentre sur l'exploration des rapports interpersonnels dans l'expérience de l'amitié (ou de l'amour, et il indique qu'il ne fera pas de distinction entre les deux) chez ces deux auteurs mentionnés. Le lien qui unit les deux ÷uvres est une préoccupation pour une quête de l'essence du bonheur et pour l'élaboration d'une éthique « comme technique de l'authenticité personnelle » (16). Le traité et le roman soutiennent, tous les deux, le dynamisme d'un rapport mutuel qui s'éloignerait du subjectivisme cartésien, ainsi que l'échange interpersonnel pour atteindre un accomplissement du sujet comme personne morale.
Ce livre, Philosophie de l'amitié, est divisé en six chapitres. Le premier chapitre, « Amitié, modèle de la vie morale chez Madame de Lambert », étudie surtout la philosophie de la marquise en l'ancrant dans la tradition grecque et latine provenant des philosophes fondamentaux comme Aristote, Sénèque et Cicéron. Le deuxième chapitre, « Le code du c ÷ur », met au premier plan un développement éthique de l'amour/l'amitié et de la tension qui se dévoile chez Mme de Lambert ainsi que chez Rousseau, entre les inclinations du corps et les aspirations [End Page 150] de l'âme. Les chapitres suivants, plus précisément de 3 à 6, examinent, sous plusieurs angles, l'amour constituant le sujet principal des lettres échangées entre les personnages de La Nouvelle Héloïse où l'amour « tendre » se définit comme « sublime » et vise un éloignement du contact physique pour réussir à récupérer, ce qui, dans la vision rousseauiste, demeure « naturel » dans l'homme, ce qui est inné, simple et immaculé, non-déformé et non-altéré par l'interaction sociale et l'influence de la civilisation. La conclusion nous ramène à la démarche éthique qui s'avère commune aux deux écrivains, à savoir comment le bonheur peut être l'équivalent du repos et de la tranquillité.
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